RÉUSSIR AUTREMENT

LA VIE À LA MFR

L’apprentissage de la vie en collectivité est un axe à part entière de la formation. Les élèves sont là pour se former et préparer un diplôme mais aussi pour apprendre à vivre ensemble, en collectivité, dans la société.

C'est dans cet esprit que la majorité des élèves scolarisés en Maison familiale est inscrite en internat. Dormir dans l'établissement impose un rythme différent de celui de la famille. Il faut se plier aux règles de vie en commun, apprendre à se débrouiller seul, à devenir autonome et responsable. Les temps résidentiels sont des moments privilégiés de l'apprentissage de la vie de groupe. Ces temps comprennent des activités sportives, des travaux manuels, des sorties culturelles, des soirées à thème, des rencontres…
La maîtresse de maison et les salariés chargés de l'entretien s'occupent de la tenue générale du lieu mais tout le monde est responsable de la propreté des locaux. En début de semaine, on répartit les tâches et chaque élève se voit confier un service pour la durée de son séjour hebdomadaire. Ici, on est de service de table ou de vaisselle, là de chambre, plus loin de classe… Un principe qui permet de responsabiliser chaque élève, sur le plan matériel mais aussi relationnel.

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UNE JOURNÉE TYPE À LA MFR

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L'ALTERNANCE : UNE HISTOIRE DE RELATIONS

L’alternance articule des lieux de formation distincts : celui de l’entreprise et celui de l’école. Elle met en relation des acteurs (maîtres de stage ou d’apprentissage, moniteurs, familles) qui partagent tous un objectif commun : la formation des jeunes. Ce partenariat n’est pas naturel. Il doit être organisé. C’est ce que met en musique la pédagogie spécifique des Maisons familiales rurales.

Depuis une trentaine d’années, pas à pas, l’alternance a acquis ses lettres de noblesse en France. De la création des bacs professionnels en 1985 qui intègre les premiers stages en entreprises dans la formation à l’Éducation nationale en passant par la loi sur l’apprentissage qui a permis en 1987 de préparer n’importe quel diplôme par apprentissage, l’alternance a progressivement vaincu les résistances. Elle n’est plus décriée. Au contraire ! Les résultats en termes d’insertion plaident en sa faveur. Elle semble aujourd’hui pouvoir répondre à tous les maux de la société. Les efforts du gouvernement ont redoublé pour encourager l’alternance. Elle serait un remède à l’échec scolaire ? Une réponse au chômage des jeunes touchés de plein fouet par la crise économique ? L’alternance serait-elle la clé de la réussite ? Sans doute mais à condition que les acteurs de l’alternance soient tous mobilisés dans la même direction. Les Maisons familiales rurales qui ont une longue expérience de l’alternance le savent bien.

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UNE PÉDAGOGIE ORIGINALE  

Depuis l’origine, c’est-à-dire depuis plus de 80 ans, elles ont développé avec intuition une pédagogie spécifique qui alterne périodes de formation et périodes sur l’exploitation agricole puis plus largement en entreprises. Elles ont dû déployer beaucoup de ressources pour expliquer l’originalité et la pertinence de leurs choix pédagogiques (alternance, petit groupe en formation, équipe pédagogique resserrée, choix de l’internat, structure associative), à une époque où elles faisaient figure d’exception. Enfin, confortées par la loi en 1984, les MFR, associées à l’État par un contrat, sont reconnues comme offrant un temps plein de formation « en conjuguant, selon un rythme approprié, les enseignements théoriques et pratiques dispensés, d’une part, dans l’établissement et, d’autre part, dans le milieu agricole et rural ». « La durée des séquences pédagogiques dispensées dans le milieu agricole et rural est obligatoirement supérieure à celle des séquences dispensées par l’établissement. » Les MFR ont dû se battre pour faire reconnaître leur différence (une formation à part entière conduite par alternance). Elles doivent se battre encore aujourd’hui, dans un contexte où l’alternance se banalise, pour maintenir leur différence. Quelle est leur originalité à l’heure où beaucoup d’organismes de formation se sont tournés vers les entreprises ? Comment faire reconnaître leur ambition ? Si sur le fond rien n’a changé, les MFR revisitent sans cesse leur conception théorisée dans les années cinquante. Questionner l’alternance oblige le mouvement à se poser des questions sur ses pratiques et sur ce qui fait sa réussite et sa plus value par rapport à d’autres démarches basées également sur des lieux différents de formation. « Il existe différentes voies du succès pour les jeunes. L’alternance en est une, ce n’est pas la seule. C’est une bonne méthode pour former à un métier », expliquait André Malicot le directeur de la formation à l’association des Compagnons du devoir « Devenir un acteur économique peut aider les jeunes à trouver ce sens. On pense trop souvent que la technique est l’application de la théorie. Ce n’est pas toujours vrai. Dans le domaine du sport, on reconnaît qu’il est nécessaire de pratiquer pour progresser. Cela paraît aller de soi. Dans les métiers, c’est la même chose. » À la pratique du geste, il faut associer la rencontre avec un adulte qui va transmettre aussi un peu de lui-même, un savoir être, une passion qui aidera le jeune à trouver sa voie.

UNE PÉDAGOGIE EXIGEANTE

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Les MFR savent que l’alternance n’est pas une réponse à tout. Elle demande une organisation complexe. Les jeunes qui font le choix de mener de front une formation théorique et une formation pratique ne choisissent pas la facilité, contrairement aux idées reçues. L’alternance est exigeante en temps, en organisation, en travail personnel. Les jeunes ont besoin pour réussir de formateurs qui savent les réconcilier avec le savoir, de maîtres de stage qui leur fassent confiance et les aident à trouver une place dans l’univers professionnel et à se projeter dans l’avenir et des parents qui les accompagnent et leur simplifient la logistique. Le succès n’est possible que lorsque les relations existent entre tous, que les acteurs se rencontrent et qu’ils partagent les mêmes objectifs. L’alternance est « une école de la curiosité », expliquait l’un des théoriciens de l’alternance des MFR (1). « Les jeunes comprennent parce qu’ils voient les choses. Le moment fondamental est l’interrogation. Ils formulent des questions après des observations. » La liaison entre ce qui est vu en stage et ce qui va être entendu en cours à la MFR est donc la clé de voûte du système. Les relations sont au coeur de cette pédagogie. « L’essentiel est dans l’étroite liaison qui saura réunir les différents moments afin de constituer une unité de formation. » La collaboration doit donc être totale entre maîtres de stage et moniteurs.

 (1) André Duffaure, directeur de l’UNMFREO de 1957 à 1986.  

 Les condition de l’alternance

Questionnons l’alternance
Une enquête sur l’alternance a été envoyée à l’automne aux moniteurs et aux administrateurs des MFR. L’objectif : récolter des éléments d’information pour préparer les journées d’étude sur l’alternance des 26 et 27 janvier 2010 à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris. 600 formateurs et 300 professionnels sont attendus.

Les premiers résultats mettent en évidence trois conditions essentielles pour mettre en oeuvre une alternance de qualité :
• L’importance d’avoir des acteurs de l’alternance qui s’engagent dans la formation, tant au niveau des moniteurs, que des maîtres de stage ou d’apprentissage, des élèves ou des parents. Chacun doit se sentir concerné et impliqué.
• Des relations fortes et dans la durée doivent être tissées entre les différents partenaires de l’alternance. La coordination entre les moniteurs, les maîtres de stage ou d’apprentissage et les parents est capitale.
• La formation à la MFR doit prendre en compte les activités réalisées en entreprise par les élèves et la formation doit être très organisée en termes de rythmes, de planning et d’objectifs…

La majorité des enquêtés pense qu’il n’est pas possible de conduire une alternance de qualité si :
• Les maîtres de stage ne sont pas visités,
• Les cours ne prennent pas appui sur les activités de stage,
• L’entreprise ne fait pas une place au stagiaire,
• Les jeunes n’ont pas une certaine motivation.